Pierre VITAL : Président de la Fédération des promoteurs Immobiliers (FPI)

Habitat - Promoteurs
05-09-2022
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    Pierre VITAL - Président de la FPI



Quelles sont vos missions en tant que Président de la FPI ?


Mon rôle premier est de représenter, fédérer et défendre les intérêts de la profession et des adhérents sur notre territoire de la Nouvelle Aquitaine.

Nous définissons avec le bureau les orientations de nos actions et les mettons en œuvre.
Notre rôle est aussi de collaborer et négocier les outils réglementaires mise en place par les Collectivités (PLU, SCOT, Chartres…).

Enfin, en tant que membre du Conseil Fédéral et du Comité des Régions de la Fpi France, je travaille avec l’instance nationale pour définir les axes généraux de communication mais aussi contribuer aux négociations avec le ministère du logement.


Quelles sont vos ambitions les enjeux et les projets pour les années à venir en Nouvelle-Aquitaine ?


Dans une contexte de baisse générale de la production et d’augmentation du coût des matières premières, nous alertons sur la nécessité de continuer à produire du logement qui réponde à tous les besoins (logements locatif sociaux, location accession, accession à la propriété, BRS, logements abordable, logement libres...). Il est important de redonner une image à notre profession à la hauteur de son impact sur notre société, surtout à l’heure du pouvoir d’achat en berne.

Nous allons également connaître dans les années à venir une accélération sur la production de logements plus vertueuse en termes de respect de l’environnement et qualité d’usage. D’ailleurs, la FPI Nouvelle Aquitaine s’est engagée en 2021 dans la démarche du Label Bâtiment Frugal Bordelais et a créé la Charte des Logements des arbres.


Comment se porte le marché du neuf en Nouvelle-Aquitaine ? A-t-il résisté à la crise sanitaire ? 


En termes de demande, le territoire demeure très attractif puisque la Nouvelle-Aquitaine est la troisième région la plus peuplée de France et présente un solde migratoire de plus de 20 000 personnes par an. Le marché du neuf est en situation de sous offre. Nous sommes donc sur un marché où les produits arrivant sur le marché trouvent preneur et ce sans perspective à court terme de baisse des prix. Nous sommes à minima sur un maintien, voire une augmentation sur certains territoires tendus.


Est-ce que les attentes des acquéreurs ont changé ces dernières années ?


Avec la crise sanitaire les attentes des acquéreurs ont effectivement évoluée : plus d’espaces extérieurs, plus de végétal, plus d’adaptabilité du logement au nouveau mode de travailler et aux évolutions sociétales (décohabitation, les enfants qui restent plus longtemps chez leurs parents…), plus d’espace collectif et collaboratif (jardins partagés, espace commun…). Notre offre répond en grande partie à ces attentes.


Quels avantages les acquéreurs ont à privilégier des biens neufs ?


En premier lieu, notre production est en Europe la plus respectueuse de l’environnement ! Maintenant, les propriétaires se posent la question de savoir si leur logement génère des gaz à effets de serre, s’il consomme de l’énergie et finalement avoir un logement respectant la RE2020 devient une vraie plus-value. Mais l’écologie, ce n’est pas que la réglementation, ceux sont également les actions que l’on mène en tant que Fédération : nous avons mis en place la charte « Des logements, Des Arbres » lors du Salon 2021.

Elle va gagner en visibilité avec l’arrivée des premiers programmes livrés et nous permettre ainsi de communiquer sur la qualité des logements réalisés par les promoteurs de Nouvelle-Aquitaine… Dernière initiative, le référentiel du Bâtiment Frugal Bordelais, dans lequel la FPI s’est impliquée qui pousse à construire avec des matériaux bio-sourcés, à intégrer plus de végétal, à imaginer une véritable qualité d’usage afin que les logements soient à la fois plus agréables (en surfaces extérieur, en équipements) et plus adaptés aux nouveaux modes de vie. Toutes ces démarches intéressent nos clients et ces arguments que l’on met en avant justifient un écart de prix avec l’ancien.


Bordeaux reste-t-elle une ville attractive pour les investisseurs ? Peut-on encore y créer du neuf ?


D’un point de vue attractivité, Bordeaux est un territoire qui pèse encore beaucoup en Gironde. C’est la principale ville en termes de production de logements neufs et en termes de transactions. Même si on considère que les taux de crédit sont en train d’augmenter doucement, pour le logement neuf on reste sur un marché bien réparti avec 50% d’investisseurs et 50% d’accession à la propriété.

La clientèle de l’accession à la propriété et plus particulièrement les primo-accédants, pourraient être les plus touchés avec une remontée des taux passant de 1% à 1,5 / 1,6% sur des durées longues, ce qui maintiendrait quand même des taux à un niveau inférieur à ce que l’on a connu avant 2016… Une autre difficulté est qu’historiquement, le marché bordelais produisait sur les zones d’aménagement - Bassins à flot, Bordeaux Euratlantique, rive droite/Niel et Brazza - et l’on constate aujourd’hui que ces territoires sont en fin de cycle. Mais la ville de Bordeaux a besoin de ces zones d’aménagement pour tenir son rythme de production. 


Parmi les 10 villes de Gironde les plus productrices de logements neufs, 3 sont situées dans la métropole bordelaise – Bordeaux, Mérignac, Pessac – et sont en solde migratoire positif. Cela prouve que les gens ont envie d’y habiter et d’y rester.  Le bassin d’emploi est dynamique et nous devrions aujourd’hui avoir la capacité de loger plus. Le constat, c’est un échec de production puisque nous avions publié en 2021 une étude faisant apparaître sur la Gironde un besoin de 7 000 à 10 000 nouveaux logements + 1 000 à 1 500 en réhabilitation et nous sommes actuellement très loin de ces objectifs.

Il y a une disproportion entre l’offre et la demande qui pourrait amener les acquéreurs à commencer à regarder d’autres territoires, car aujourd’hui si l’on ne trouve rien sur la métropole bordelaise, on peut envisager de se reporter sur des territoires périphériques. Désormais, certaines personnes achètent dans des zones proches de gares, là où il y a une bonne fréquence de LGV et de TER… c’est le cas sur le Bassin d’Arcachon et à Libourne, avec un avantage-prix intéressant, mais en contrepartie avec des kilomètres supplémentaires à effectuer générant plus d’émission de CO2. A cet impact environnemental non négligeable s’ajoute une dépendance aux aléas de circulation. 

En tant que promoteurs, nous ne sommes pas opposés à ce que les villes s’étendent, mais nous prêchons pour une densité là où elle est utile, près des lieux d’emploi, près des lieux de transports en commun, pour éviter la saturation des routes.


Comment répondez-vous au besoin de logements sur Bordeaux métropole ?


En militant pour que le PLU soit appliquer à sa capacité maximale, ce qui n’est actuellement pas le cas, il semblerait que 40% de la capacité du PLU ne soit pas utilisé. C’est ce que nous appelons les logements fantômes ! De plus dans un contexte de ZAN, en n’appliquant pas la pleine capacité du PLU, quand nous réalisons 3 opérations, il faudrait en faire une de plus compenser la perte des logements non réalisés.


Les promoteurs immobiliers ont rarement bonne réputation ? A quoi cela est dû et comment y pallier ? 


C’est une vieille image qui nous colle à la peau. L’acte de construire est un acte nécessaire, utile et noble comme aime à le rappeler notre Président National Pascal Boulanger. Les nouveaux logements qui arrivent avec la nouvelle réglementation thermique, avec le Bâtiment Frugal Bordelais, avec la charte « Des logements, Des Arbres », sont forcément des logements de meilleure qualité que ceux que nous proposions jusqu’à maintenant.

Nous proposions déjà des logements performants et dans de très bons standards, mais là, nous allons être encore au-dessus. Nous produisons par ailleurs une belle diversité de programmes nouvelle génération, une grande variété de logements à des prix abordables, du logement en bail réel solidaire (BRS) à la location-accession… tous ces produits dits « d’accession à la propriété » qui sont présents dans tous nos programmes.

A la Fédération nous tachons à chaque occasion à véhiculer cette image vertueuse du logement neuf, nous allons d’ailleurs mettre en œuvre une charte graphique destinée à habiller les palissades de chantier de nos adhérents afin de communiquer auprès des riverains sur les avantages du projet : nombres de familles accueillies, nombre d’emplois créés, nombre d’arbres plantés… 


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